« L’Enfant du Titanic » – Leah Fleming.

Il y a bien longtemps que je n’avais pas été happée par une histoire au point d’en dévorer ses 600 et quelques pages en à peine deux jours. Ce roman est une vraie surprise pour moi : arrivé à la maison faute d’avoir fait mon achat trimestriel chez France Loisirs, j’ai même failli aller l’échanger! Je me disais que j’allais encore tomber sur une énième histoire de rescapés du naufrage et je n’étais franchement pas enchantée par l’idée de me plonger dans ce genre de lecture… Mais!…

Mais finalement je me suis mise à feuilleter le livre, en lire la première page ainsi que quelques passages ici et là… Résultat : je m’y suis mise pour de bon et bien m’en a prit puisque j’ai été emportée!!!

L’histoire commence avec l’embarquement, sur l’immense paquebot, de May Smith, son mari et leur fille en 3ème classe avec tous les espoirs qu’un tel voyage peut laisser entrevoir pour ces anglais de classe modeste. Dans le même temps, on assiste également à l’embarquement de Celeste Parkes dans les cabines de 1ère classe. Pour elle, c’est un voyage de retour vers son mari et son fils après avoir passé un mois auprès de son père et de ses frères pour les obsèques de sa mère.

Et puis vient la terrible nuit du 15 Avril 1912 où le naufrage de ce géant des mers va laisser une marque indélébile dans les mémoires!

Dans l’horreur du naufrage, ces deux femmes que tout oppose vont se retrouver liées à jamais. Alors que May et son bébé sont sauvées dans des circonstances effroyables, Celeste va leur apporter secours et réconfort. Une amitié, qui ne cessera de se renforcer au fil du temps, naît entre les deux femmes. Mais l’une et l’autre vont réagir bien différemment après cette épreuve! Alors que Celeste acquiert courage et goût de la rébellion pour sa liberté, May poursuit une vie modeste et reste craintive, semblant n’avoir jamais surmonté le drame, d’autant qu’elle garde en elle un lourd secret.

S’ensuit, au fil de plus de 600 pages, l’histoire de trois femmes sur plusieurs décennies et trois générations, au travers de deux guerres et de tous les aléas de la vie. Un récit captivant où le poids du secret va régir la vie de tous ces personnages si attachants, leur faire faire certains choix et leur faire vivre des moments forts.

Principalement féminins, les personnages de Celeste, May ou Ella, forcent le respect de par leurs décisions, leurs passions et même leurs secrets. L’auteur leur a donné, à chacune, des caractères bien dessinés, des réactions parfois dures ou insensées et une destinée pour le moins ahurissante. Bien que moins présents (hormis dans la dernière partie du roman), les personnages masculins sont tout aussi forts et charismatiques. Plus souvent là pour justifier ou expliquer les actes de nos héroïnes, ils n’en restent pas moins très présents. Servant parfois de liant entre les faits, leurs apparitions et leurs actes dans le récit ont un impact capital, notamment pour la révélation finale du fameux secret.

Pour en revenir à nos trois héroïnes, personnages centraux de cette saga, je dois dire qu’elles n’ont pas laissé la lectrice que je suis indifférente. On pleure, on tremble d’effroi et on a mal à leurs côtés. On applaudit à la présence d’esprit et à l’esprit d’entreprise de Celeste. On a envie de bousculer May, de réfréner Ella. Mais on ne peut rester indifférentes aux caractères entiers et passionnés de ces femmes qui rencontreront des fortunes diverses!

Dans cette histoire, le destin et ses détours a une part énorme, justement. Les espoirs et les attentes de tous ces personnages vont être mis à rude épreuve au milieu d’un enchevêtrements de fils et de hasards heureux ou malheureux avant que le secret soit dévoilé. Avant que chacun retrouve sa vraie place au sein des siens, que l’on s’aperçoive que la fameuse phrase « Que le Monde est petit! » n’est pas qu’une vue de l’esprit, que la famille est parfois plus celle que l’on se choisit que celle qui nous échoit.

J’ai vraiment adoré suivre les vies de ces personnages au fil du temps et des évènements que Leah Fleming leur fait traverser. L’auteur a choisi une trame plutôt linéaire pour son récit dans lequel elle ne manque pas d’aborder certains sujets forts, voire tabous à certaines époques… Des sujets comme les mères esseulées, le combat des suffragettes, la Guerre bien sûr, la filiation, la condition féminine dans le couple et la société, le devoir de mémoire, le syndrome post-traumatique, le poids du secret et des non-dits dans la famille… Tout ce qui fait qu’une vie prends un chemin plutôt qu’un autre en fonction de ses choix, en fonction de la capacité de chacun à se battre pour ses idéaux.

Pour renforcer l’effet historique du roman, l’auteur a judicieusement insérés la présence de personnages réels à ses personnages de fiction. Personnages tels que l' »insubmersible » Margareth Brown, le capitaine Edward Smith, sa véritable fille, Helen Melville Russell-Cooke née Smith, le fils de celle-ci, le chef d’escadron Simon Russell-Cooke et sa soeur jumelle Priscilla Phipps. Le lecteur garde ainsi certains repères chronologiques qui rendent le récit encore plus prenant et concret.

L’enfant du Titanic est une saga familiale riche de nombreux personnages forts, dépeints sans caricature ni fioriture, à leur juste mesure. Les évènements s’enchaînent de façon fluide sous la plume de l’auteur qui ne perds pas son lecteur dans de trop longues descriptions. Au contraire, elle choisit de s’attarder plus sur le ressenti et les émotions que sur les détails ou les circonstances de faits que tous le monde connaît. Il en résulte une certaine affection pour les personnages que l’on a envie de voir s’en sortir, que l’on a envie de voir évoluer vers un apaisement de leurs douleurs et de leurs souffrances.

Si vous aimez les histoires de famille, de destins croisés au travers de l’Histoire, je ne peux que vivement vous conseiller de lire ce magnifique roman! Il m’a ému aux larmes, m’a fait vibrer, m’a fait vivre un très joli moment de lecture au point de ne pas voir le temps passer, de ne pas me rendre compte des pages qui se tournent et qui, enfin, m’a permit de réveiller ma passion de la lecture qui s’était mollement endormie depuis le début de cette année.

L’Enfant du Titanic (The Captain’s Daughter) – Leah Fleming – France Loisirs – Mai 2012 – 616 pages.